Le Death Metal Mélodique

HISTORIQUE

* Naissance du genre :
Les prémisces du genre auraient vraisemblablement été posées par le groupe CARCASS, en 1993, à la sortie de l’album Heartwork. En effet, la formation britannique oscillant, à l’époque, entre Grindcore et Death Metal, prenait sur ce nouveau disque un tournant, avec l’ajout de passages mélodiques. D’ailleurs, après le split du groupe, en 1996, Michael Amott, le guitariste, fonda ARCH ENEMY, dans un genre purement Death Mélodique.

Parenthèse mise à part, cette même année 1993, et la suivante, voyaient sortir, en Suède, les premiers albums de deux jeunes formations auxquelles est davantage attribuée la genèse de ce genre. Il s’agissait de Skydancer de DARK TRANQUILLITY et Lunar Strain d’IN FLAMES. Ces deux essais lorgnaient encore vers le Black Metal dans l’instrumentation, avec un chant principalement criard et des productions moyennes. Mais ils ont tout de même incorporé un brin de mélodie avec des guitares acoustiques et du chant féminin, et, pour le second, des tonalités folks et des partitions de violon en prime.
Un troisième groupe suédois semble avoir participé à l’élaboration des fondations du genre. Il s’agit d’AT THE GATES, qui a sorti The Red In The Sky Is Ours, en 1992. Bien qu’il paraît avoir « devancé » les trois formations suscitées, son premier album possèdait davantage une approche Néoclassique et conservait une instrumentation Death Metal, avec une atmosphère chaotique et lugubre dans laquelle était parsemée des breaks acoustiques et du violon ; en outre la production était relativement pauvre. Ce n’est qu’avec l’album suivant, With Fear I Kiss The Burning Darkness, en 1993, amenant à nouveau de l’acoustique et des riffs mélodiques, même s’il restait un bon penchant Black Metal, puis, en 1994, avec Terminal Spirit Disease, et son violon ainsi qu’un meilleur apport mélodique de la guitare, moins mortuaire qu’auparavant, que le groupe pris la même direction que ses compères suédois.
Les bases étant plus ou moins définies, il fallut attendre les années suivantes pour voir fleurir les œuvres qui s’imposèrent d’office dignes représentantes du genre à son apogée, capturant toute l’essence du Death Metal Mélodique tel qu’il était imaginé, suite aux tâtonnements des deux années précédentes. CARCASS ayant poursuivi dans une voie plus mélodique aux touches définitivement Hard Rock, les représentants n’étaient plus que suédois. Ce furent donc, en 1995, les albums Slaughter Of The Soul, d’AT THE GATES, The Gallery de DARK TRANQUILLITY et, l’année suivante, The Jester Race d’IN FLAMES qui assirent le statut des trois formations et firent la renommé du genre, et lui valurent l’appellation de « Gothenburg Sound » (les trois groupes étant originaires de Göteborg).

 

Pour résumer :
– AT THE GATES, DARK TRANQUILLITY et IN FLAMES sont les précurseurs du Death Metal Mélodique.
– Ce n’est qu’en 1995/1996 que le genre apparaît dans sa forme la plus aboutie.

* Caractéristiques du genre :
A ses débuts, le Death Mélodique conservait la violence du Death Metal, dans l’instrumentation agressive et les vocaux râpeux, gutturaux, et y apportait des passages mélodiques grâce aux harmonies et riffs du Heavy Metal, souvent en gardant une touche Black dans les atmosphères.

Les chanteurs utilisent alors des growls conséquents, mais qui gardent une esthétique et un envoûtement certains. Et lors des refrains, ils laissent exploser toute leur puissance vocale pour se mêler aux mélodies des guitares et obtenir un rendu magistral, et mémorable, entre brutalité et beauté. Il ne sera pas rare, non plus, de voir apparaître des invitées féminines prêter leur voix angéliques sur les compositions.

Les riffs sont donc, bien évidemment, rapides et incisifs (majoritairement en tremolo picking) mais se veulent tout de même mélodiques et accrocheurs. Pour renforcer le côté mélodique apporté par les guitares, l’habitude se fait d’agrémenter les compositions de cordes acoustiques pendant les breaks, ou le temps d’une instrumentale entièrement consacrée. Les tonalités folk ne sont également pas en reste, surtout avec l’utilisation de violon(celle)s.
Pour marquer la scission entre violence et mélodie, les instruments sont souvent accordés très grave, la plupart du temps en Do standard.

Le riff de guitare typique du Death Metal Mélodique se compose d’une alternance rapide entre une ligne de basse et des mediums.
Par exemple :

Un autre élément récurrent dans le Death Metal Mélodique est l’utilisation d’harmonisations entre les notes. Les harmonisations les plus utilisées sont en tierce ou en quarte de la gamme majeure.
Par exemple :

Pour ce qui est des paroles, elles sont la plupart du temps loin des écrits sanglants et macabres du Death Metal et se penchent davantage sur des récits fantastiques, de science fiction ou bien encore sur l’expressionisme et les souffrances intérieures (souvent en rapport avec l’amour). Les textes laissent transparaître une certaine mélancolie, qui se retrouve généralement dans la musique.

Pour résumer :
– Rythmique agressive, mid-tempo, et riffs graves, rapides et puissants. Vocaux growlés profonds et maîtrisés.
– Mélodie apportée par les harmonisations, l’acoustique, des éléments folks, du chant clair féminin.

* Evolution du genre :
A la fin des années 1990, le Death Metal Mélodique subit une évolution qui n’était qu’un avant-goût de la tournure qu’il allait prendre par la suite. En effet, les frontmen eux-mêmes se sont adonnés à l’exercice du chant clair, principalement au niveau des refrains, pour accroître leur efficacité. Cette tendance apparaît clairement sur l’album Projector de DARK TRANQUILLITY, en 1998, mais également chez IN FLAMES, où Anders Fridén expérimentait peu à peu cette technique, comme sur Whoracle, en 1997, ou Colony, en 1999.

Peu après, ce furent les claviers qui s’imposèrent davantage au sein des morceaux, ainsi que des riffs plus mélodiques et accrocheurs. Cet apport s’est également remarqué chez les fondateurs avec l’arrivée d’un claviériste au sein de DARK TRANQUILLITY, pour l’album Haven, en 2000, mais aussi sur A Predator’s Portrait de SOILWORK, formation suédoise qui sévissait dans les plus purs codes du style depuis 1996, et l’ajout de samples prononcés sur Clayman de IN FLAMES, qui a préféré rester un quintette. Avec cette touche mélodique supplémentaire, qui rendait leur son davantage entraînant, les groupes s’éloignaient alors encore un peu plus de leurs racines, mais parvinrent à élargir leur public, surtout internationalement.
Cependant le genre était encore loin du tournant qu’il allait prendre lors de la décennie 2000-2010. Tout d’abord, il est bon de préciser qu’au début du second millénaire, le Death Metal Mélodique a connu une expansion phénoménale, quitte à devenir un des genres les plus courants de la scène Metal. Les jeunes groupes se sont multipliés partout à travers le monde et ont commencé à sortir des premiers albums plein de promesses, dignes héritiers de leurs aînés. On pourra citer les Finlandais d’INSOMNIUM, et leurs ambiances mélancoliques, les Grecs de NIGHTRAGE avec l’ancien vocaliste d’AT THE GATES, les Allemands de DARK AGE ou encore, bien évidemment, le nombre incalculable de formations scandinaves telles que AMON AMARTH, MORS PRINCIPIUM EST, SONIC SYNDICATE, KALMAH, et bien d’autres.

Ce succès sans cesse croissant du genre n’était pas anodin. En effet, le Death Metal Mélodique prenait petit à petit une tournure très moderne et principalement axée sur la mélodie et les passages accrocheurs ; d’où des structures musicales moins complexes, et directes, et des riffs dynamiques qui ont rendu le genre plus abordable et répandu au sein des amateurs de musique extrêmes. D’ailleurs, plusieurs groupes phares et prometteurs ont suivit cette modernisation mélodique du son, l’exemple le plus courant et polémiqué du genre étant IN FLAMES qui, avec son album Reroute To Remain, en 2002, a perdu bon nombre de ses fans des premières heures, en se réoriantant vers un style plus formaté, reposant beaucoup sur les claviers, et souvent dénigré pour ses sonorités Alternative, presque Néo Metal, tandis que leurs collègues de DARK TRANQUILLITY se sont plus intéressés à l’apport d’atmosphères gothiques mais en conservant leurs style musical. On pourrait d’ailleurs avancer qu’IN FLAMES a ouvert la voie à d’autres puisque SOILWORK a également pris une direction similaire. Un autre exemple est le groupe SONIC SYNDICATE qui s’est, plus tard, tourné vers du Metalcore, pour maintenant terminer en un mélange médiocre de Pop Rock Alternative et Electro.

Du coup, alors qu’il était qualifié d’Extrême Mélodique de part son agressivité toujours présente et bien sentie, le Death Metal Mélodique est peu à peu devenu le genre de la facilité. Par conséquent, il a, par la suite, perdu de sa popularité au sein du public plus extrême de la scène Metal, taxant le genre comme étant trop commercial et principalement dirigée pour les jeunes. Un rapprochement simpliste, certes, mais en grande partie dû au développement de la scène aux Etats-Unis qui a fini par se rapprocher fortement du Metalcore, dû à l’alternance récurrente « couplets hurlés/refrains chantés », et aux compositions directes et pas souvents recherchées. Cet engouement sans précédent pour le genre lui a donc été clairement néfaste puisque les jeunes groupes ont pullulé un peu partout en reprenant les caractéristiques modernes et les ancrant dans les têtes des adolescents faisant leurs premiers pas dans l’univers du Metal, et en sont arrivé à l’étouffement et l’embourbement de la scène Death Metal Mélodique, puisqu’il était rare de voir percer une once d’originalité.

Néanmoins, pour éviter de créer une musique déjà jouée des milliers de fois, les groupes ont commencé à croiser les genres pour tenter de se démarquer et apporter un peu de renouveau à un style essouflé. Ainsi, cette même décennies des années 2000, a également vu florir, en parallèle, des formations intéressantes qui on réussit à capter l’attention. Si les mélanges les plus courants, hormis le Metalcore, restent ceux de Death Mélodique et du Power Metal, comme le montrent les groupes MERCENARY, NORTHER, du Doom Metal, à l’instar d’AMORPHIS, SWALLOW THE SUN, du Gothic (BEFORE THE DAWN), ou du Progressif (SCAR SYMMETRY), il n’est pas rare de tomber sur des associations moins communes mais au résultat excellent comme le Folk d’ELUVEITIE, la Trance de BLOOD STAIN CHILD ou bien le Rock’n’Roll de HELLTRAIN.

Pourtant, il serait dommage de penser que le Death Metal Mélodique ne se résume désormais qu’à un son lisse et mélodique et des supplément électronniques censés accrocher l’oreille. Des groupes persistent encore à faire valoir les racines de la fin des années 1990, comme ARCH ENEMY, HYPOCRISY, tandis que d’autres se dirigent plus sur un mélange Death Mélodique et Thrash (DIMENSION ZERO, THE ARCANE ORDER) pour accentuer l’agressivité, ou bien de Black, pour renvoyer aux premières heures du genre (COMPOS MENTIS, ZONARIA).

Pour résumer :
– Evolution fin ’90/début 2000 : chant clair, claviers, mélodie prononcée dans les riffs.
– Première moitiée des années 2000 : émergence de groupes partout dans le monde, et modernisation du genre, en accentuant sonorités électronniques et mélodies.
– Seconde moitiée des années 2000 : perte en crédibilité du genre et stagnation de la scène, malgré le croisement des genres.

GROUPES PHARES
Amon Amarth
Amorphis
Arch Enemy
At The Gates
Dark Tranquillity
Hypocrisy
In Flames
Soilwork

AUTRES GROUPES (PROMETTEURS)


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Juste sur un album ou une période

CyberInflames / Dairadatzu

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